[b]Cet été, je suis partie une semaine en camps de vacances. On dormait sous la tente. En plus, moi qui ai 21 ans, je partais en tant qu’animatrice d’un groupe d’ados.
Je n’ai parlé de mon problème d’énurésie avec personne, ni les autres animateurs ni les ados. Et j’avoue que j’étais très angoissée. Déjà, nous avions un nombre limité de bagages, et moi une place importante était déjà monopolisée par mes couches. Ensuite, il a fallu que je m’arrange pour avoir une tente pour moi toute seule, alors que les autres étaient au moins d’eux. J’y suis parvenue, c’était déjà un premier soulagement. Malgré tout, j’étais encore angoissée à l’idée que mes voisins entendent le bruit des couches quand je les mettais ou quand je les enlevais. Le soir, j’attendais donc un peu que mes voisins s’endorment. Et le matin, j’attendais qu’ils soient sortis pour prendre leur petit déjeuner. Restait encore le problème de la poubelle. Il fallait traverser tout le camps. Et surtout, en tant qu’animatrice, je ne pouvais pas me permettre de m’absenter trop longtemps car il fallait que je gère avec mes collègues les allées et venues du groupe ( réveils, petits-déjeuners, douches… ).
Donc, j’ai « stocké » pendant 3 jours sous ma tente, en cachant mes « affaires » dans un sac et en priant pour que personne n’entre quand je n’étais pas là. Dès que l’occasion s’est présentée ce troisième jour, je me suis dépêchée d’aller à la poubelle, le cœur battant très fort, la chaleur m’envahissant et probablement le rouge aux joues. Je fonçais tête baissée en espérant de toutes mes forces ne croiser personne. Même lutte le dernier jour, avec succès.
Je ne suis pas fière d’avoir eu à agir ainsi. Mais c’est très difficile pour moi de parler de mon problème. Cela remonte probablement à mon enfance et mon adolescence, lorsque je devais expliquer à mes institutrices et divers professeurs que je devraient mettre des couches pendant les voyages scolaires. Evidemment, le bruit courait rapidement parmi mes camarades et je devais subir les moqueries et parfois même les humiliations physiques durant toute l’année scolaire. C’était de véritables traumatismes, qui me troublent encore aujourd’hui. Pourtant, si j’avais été à leur place, j’aurais très certainement agi de la même façon. Car à mon avis, le vrai problème, c’est qu’on n’en parle pas, on n’informe pas. L’énurésie est encore un sujet tabou, qui effraie ceux qui ne la connaissent pas. On devrait en parler ouvertement, même dans les écoles, comme on commence par exemple à le faire pour d’autres problèmes comme l’anorexie, le sida, le racisme…
Je suis persuadée que cela amènerait plus de respect. Ceux qui en sont touchés auraient peut-être un peu moins honte de s’exprimer, et peut-être auraient-ils une chance supplémentaire de s’en sortir.
A bonne entendeur…